DCMP (Dépôt Central Médico-Pharmaceutique) est une organisation confessionnelle à but non lucratif opérant en RD Congo/Sud-Kivu depuis 1997. C’est une organisation membre de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) et du Réseau Pharmaceutique Œcuménique (EPN). La mission de DCMP est d’offrir un cadre sécurisé pour l’approvisionnement des médicaments essentiels génériques, des matériels et consommables médicaux, et d’intrants de laboratoire aux établissements de santé et aux partenaires du Gouvernement (ONG, ASBL) dans la province du Sud-Kivu et à l’Est de la RDC. DCMP travaille pour l’amélioration de l’accès aux médicaments de qualité et le renforcement des systèmes de santé.
Depuis la déclaration de COVID-19 le 30 janvier 2020 comme urgence de santé publique de portée internationale par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les effets négatifs de cette pandémie se font ressentir lourdement sur le plan socio-économique au niveau mondial et au niveau de plusieurs pays qui sont frappés de plein fouet.
Les mesures de confinement mises en place pour freiner la propagation de la pandémie ont créé un choc dans la demande et dans l’offre des produits ; ce qui fait que la République Démocratique du Congo, comptant plus sur les importations, fait face à des difficultés de s’approvisionner en produits pharmaceutiques. DCMP 8e CEPAC n’a pas été épargné par cette situation et cela a affecté ses activités positivement mais aussi négativement.
Depuis le début de cette pandémie, tous les pays affectés par la maladie à COVID-19 ont vu leurs besoins en désinfectants, EPI et médicaments spécifiques augmentés de manière exponentielle. En conséquence, les pays jadis producteurs et exportateur pour DCMP ont commencé à utiliser les produits à l’intérieur de leurs frontières, ainsi les importations sont devenues de plus en plus rares et, par conséquent, les produits importés sont devenus chers.
La pandémie de COVID-19 a été déclarée en RDC en mars 2020, pendant que nous attendions les livraisons pour les commandes placées en 2019. A cause de la forte demande en produits pharmaceutiques, nous avons pu écouler les produits reçus pendant la période de confinement sans avoir à les stocker pendant longtemps.
La fermeture des frontières n’a pas empêché les fournisseurs légaux à placer des commandes des médicaments en dehors des frontières sans se déplacer. Cette situation nous a permis d’écouler les produits achetés quand bien même les fournisseurs ont revu les prix à la hausse et que la logistique n’a pas été comme d’habitude. A un moment, le seul critère d’achat était la disponibilité des produits.
Le Tableau suivant montre comment la consommation de certains produits a significativement augmenté en 2020 par rapport à 2019.
L’augmentation des ventes en 2020 nous a aussi permis de diminuer les pertes dues à la péremption de la plupart de médicaments, comme l’indique le diagramme ci-dessous.
En raison de la pénurie d’alcool pour fabriquer les désinfectants pour les mains, DCMP a décidé de fabriquer l’éthanol à partir de la fermentation alcoolique du sucre, et les résultats étaient plutôt prometteurs.
Processus de fermentation et de distillation dans la fabrication de l’éthanol
En plus, à cause de l’augmentation de la demande en désinfectant pour les mains et la difficulté d’acheter des quantités suffisantes à partir de l’extérieur, l’hôpital de référence de Panzi a commencé à le produire localement, et a réussi à couvrir tous les besoins de l’hôpital depuis Mars 2020.
Depuis Mars 2020 à Janvier 2021, un total de 7975 flacons (500ml) de désinfectant pour les mains (80% d’alcool) ont été produits. La consommation mensuelle moyenne a augmenté de 97 flacons avant le COVID-19 à 725 pendant la pandémie.
Outre la production des désinfectants pour les mains à l’hôpital de Panzi, DCMP a aussi produit les désinfectants pour les autres établissements de santé membres de l’Eglise du Christ au Congo (ECC) avec le soutien de l’Institut Allemand pour la Mission Médicale e.V. (DIFAEM).
Production de désinfectant pour les mains à DCMP
A cause de la pandémie, nous faisons face aux défis logistiques associés à des longues durées de livraison, des ruptures de stock dues à l’augmentation de la demande de certains produits essentiels, et l’annulation des commandes des produits à la demande des gouvernements des pays fournisseurs. Comme mesure pour relever ces défis, nous avons décidé de produire localement l’alcool, d’augmenter le nombre de fournisseurs sur notre liste et d’utiliser les producteurs locaux.
D’autre part, la vente de certains produits, qui étaient normalement vendus à grandes quantités dans les années passées, a diminué en 2020, comme les comprimés d’ibuprofène et de cefixime, l’ovule de nystatine vaginale, la solution de Chlorhexidine + cétrimide.
Pendant cette pandémie, nous avons appris que si les règlementations de l’industrie pharmaceutique sont correctement suivies et respectées dans les pays en développement, les organisations pharmaceutiques conformes pourraient rapidement prospérer et s’épanouir au détriment des fournisseurs illicites.
La pandémie de COVID-19, nous a montré notre niveau de gestion des urgences et nos faiblesses dans la chaine d’approvisionnement. Néanmoins, nous avons noté que les pays producteurs des médicaments n’étaient pas très affectés par les ruptures des stocks par rapport aux pays importateurs. Par conséquent, les gouvernements devraient plus soutenir la production locale au sein de leurs pays pour éviter la nécessité de toujours importer les produits finis.